dimanche 21 février 2016

Laurent Drelincourt - Sur la vieillesse



Dans son treizième sonnet, Laurent Drelincourt (1625-1680) s’intéresse à la vieillesse :
  

Pauvre homme dont la force est la force d’un verre,
Vieillard faible et tremblant, à toi-même ennuyeux (†),
A qui tant d’ennemis font ensemble la guerre –
Ne veux-tu point songer à quitter ces bas-lieux ?

Ne sens-tu point la mort qui te suit, qui te serre ?
As-tu perdu l’esprit ? Et ton cœur vicieux,
Endurci par les ans, et tenant à la terre,
N’a-t-il ni  mouvement, ni chaleur pour les cieux ?

Vois ces monts sourcilleux, dont les cimes chenues (§)
Portent leur front de neige à la hauteur des nues,
Et dont le sein répand un déluge de feux.

Ainsi, pour t’élever à la gloire éternelle,
La neige sur le poil, le cœur brûlant de vœux,
Corrige ta froideur, par le feu de ton zèle.


(†) déplaisant 
(§) chenu : qui est tout blanc de vieillesse. En style poétique, on le dit des montagnes couvertes de neige. 

Egalement publié sur mon site consacré à la grande prédication française (ici). 
Vous y trouverez aussi un facsimile de l’édition de 1680.

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