lundi 17 octobre 2016

Un traité de Napoléon Roussel

Napoléon Roussel (1805-1878) fait partie des pasteurs réformés touchés par le Réveil. Il a cherché à évangéliser la France profonde, notamment par le moyen de traités. En voici un exemple, où Roussel se moque de dérives du catholicisme :


La religion d’argent 



Un riche Écossais, ennuyé du triste et froid climat de sa patrie, était venu s’établir dans un village sur les bords riants de la Loire. Il vivait là paisiblement au sein d’une nombreuse famille, et mettait son plaisir à répandre sur les habitants autant de bienfaits que le lui permettait sa grande fortune. Aussi, les paysans répétaient-ils sans cesse que cet hérétique, comme le nommait leur curé, faisait lui seul plus d’aumônes que n’en versaient tous les troncs de l’église sur les pauvres de la paroisse. Le curé craignit que cette conduite généreuse, en gagnant les cœurs à ce protestant, ne diminuât d’autant leur amour pour la sainte Église catholique. Il entreprit donc de prouver en chaire que tous les hérétiques, tant calvinistes que luthériens, étaient condamnés, pour une éternité, aux flammes de l’enfer. Mais il comprit bientôt que tous ces arguments ne persuaderaient jamais aussi bien ses paroissiens que les libéralités de milord ; aussi résolut-il de changer de batterie et de couper le mal par la racine. Voici le moyen qu’il imagina : il forma le projet de convertir l’Écossais à la foi de la sainte mère l’Église. Dans ce but, il lia connaissance avec lui, ne tarda pas à l’entretenir du danger que courait son âme et à le presser vivement d’entrer dans l’Église, hors de laquelle il n’y a point de salut. Milord, soit pour un motif, soit pour un autre, esquiva longtemps la question. Mais enfin, un jour que tous deux se promenaient dans son jardin bordant le rivage, notre curé reprit sa conversation ordinaire, et fut très étonné d’entendre milord, cette fois, lui dire avec un sourire amical : « Eh bien ! mon cher curé, voyons, parlez-moi un peu de votre religion, afin que je puisse, avant tout bien la connaître. Tenez, asseyons-nous là, ajouta-t-il, en lui montrant un banc de gazon sur le bord de la Loire, et causons ensemble. Il est encore de bonne heure, le soleil se lève, tout est paisible, nous n’avons pas à craindre d’être interrompus. Dites-moi donc d’abord, dans votre religion catholique apostolique et romaine, que faut-il faire pour être sauvé ?  ...




Par ailleurs, j’ai essayé de rassembler tous les livres et traités de Roussel qui sont disponibles sur la toile (merci Google Books !) et j’ai ajouté quelques documents de ma propre bibliothèque qui sont plus ou moins introuvables. Vous trouverez toute cette collection ici. Bonne lecture !

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