lundi 6 mars 2017

Ernest Dhombres (1824-1894) – une petite biographie

 

André Jean Ernest Dhombres naît le 16 mars 1824 au Vigan (Gard, Occitanie). Son père, Louis-Léon Dhombres [1], est pasteur de l’Eglise réformée du Vigan ; sa mère, Gabrielle Marguerite Salomé Deléamont [2], conduit un pensionnat pour jeunes filles. Ernest a deux frères, Léon [3] et Philippe [4], et une sœur, Aline [5]. 

Elève au collège de Nîmes, Ernest passe le baccalauréat en 1840. Il s’oriente vers des études de droit, mais son père le juge trop jeune pour entrer en faculté de droit et l’envoie à Genève pour y compléter sa formation littéraire. Ernest finit par s’inscrire en faculté de théologie en 1841. Il se lie d’amitié avec Athanase Coquérel fils (1820-1785). Par le biais de Numa Recolin (1826-1892), également originaire du Vigan et alors étudiant en théologie à Montauban, il fait la connaissance de l’enseignement d’Adolphe Monod et d’Alexandre Vinet et s’ouvre à la doctrine du Réveil [6]. 

En 1846, il quitte Genève pour Strasbourg, pour terminer ses études dans une faculté française. Sa thèse porte sur le quiétisme. Ayant obtenu le grade de bachelier en théologie, il revient au Vigan pour y devenir pasteur suffragant. 

C’est en 1847 qu’Ernest reçoit un appel de l’Eglise d’Alès [7] (Gard). Il est consacré au ministère au Vigan, par son propre père, et nommé pasteur de l’Eglise réformée d’Alès le 30 août de la même année. Il reste en poste pendant dix ans. 

Pendant cette période, il se marie avec Mathilde Barafort (1826-1911) [8]. En 1856 naît leur unique enfant, Elisabeth (1856-1936) [9]. En mai 1857, Dhombres commence un ministère pastoral d’un peu plus de trois ans à Montpellier. 

Ayant reçu un appel de l’Eglise réformée de Paris en juin 1860, il monte à la capitale en octobre pour devenir pasteur suffragant, d’abord du pasteur Antoine Vermeil (1799-1864), puis, en mai 1865, du pasteur Henri Juillerat (1781-1867). Ensemble avec Guillaume Monod (1800-1896), il est attaché à la paroisse de Sainte-Marie, mais il prêche aussi régulièrement au temple de l’Oratoire. En 1866, il publie son premier volume de Sermons et Homélies

Suite à la mort du pasteur Juillerat, Dhombres est nommé pasteur titulaire le 29 mars 1867. C’est le pasteur Jean-Henri Grandpierre (1799-1874) qui fait le discours d’installation. 

Dhombres est un prédicateur apprécié ; on fait appel à lui pour de grandes occasions. Ainsi, le 25 avril 1867, il prêche lors de la consécration du temple de Laforce. Il fait aussi partie des prédicateurs français à l’Alliance évangélique à Amsterdam en août 1867, ensemble avec Edmond de Pressensé (1824-1891), Eugène Bersier (1831-1889) et Louis Rognon (1826-1869). 

Dhombres reste à Paris lors du siège de Paris en 1870. Il est rattaché à l’ambulance du palais de l’Industrie, transportée plus tard au Grand-Hôtel. Les prédications du pasteur de cette époque sont rassemblées dans le volume Foi et patrie, publié en 1871. Dhombres passe aussi la période de la Commune à Paris. Quand la Commune prend fin, il obtient la grâce d’un fédéré qu’on allait fusiller. 

En 1872, Dhombres représente la circonscription d’Alès au Synode général. En cette année, il devient aussi le président du Comité de Direction des Diaconisses de Reuilly. Il occupera ce poste jusqu’à sa mort. En août 1875, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. 

L’année 1877 est sous le signe de l’épreuve. De retour du Vigan, où il vient d’enterrer sa sœur, Dhombres apprend que l’un de ses yeux est perdu. 

Le second volume de ses Sermons et homélies paraît en 1878

En 1884, Dhombres apprend que son œil éteint s’est enflammé. Il subit alors une douloureuse ablation de l’œil sous chloroforme, pour éviter que l’autre œil soit atteint à son tour. Deux mois plus tard, il est lé délégué de l’Eglise d’Alès au Synode de Nantes qu’il préside également. 

En juin 1887, il participe au Synode de Saint-Quentin, puis il part en Algérie et en Tunisie pour un voyage d’agrément. Quelque mois après, en 1888, il doit se rendre à l’évidence que son champ de vision s’est à nouveau rétréci. Au mois de septembre, il subit une sclérotomie. 

Face au progrès de sa maladie, Edouard Sautter (1856-1926) est choisi pour être son suffragant. Son entrée en fonction, en janvier 1889, entraîne une réduction sensible de l’activité pastorale de Dhombres. En cette année, Dhombres subit une iridectomie, mais l’opération est un échec et le pasteur devient entièrement aveugle. Il publie le troisième volume des Sermons et homélies fin 1889. 

Sa cécité ne met pas pour autant un terme à son activité pastorale ; il bénit des mariages, préside à des funérailles et prêche même encore de temps en temps. Mais ses forces diminuent, et il démissionne le 16 mars 1894. Affaibli par une grippe, il meurt à Paris, le lundi 9 décembre 1894, à l’âge de 70 ans. 



Parmi les œuvres de Dhombres, on peut citer : 
  • Sermons et homélies (3 volumes, 1867, 1878 et 1889) 
  • Foi et patrie. Discours prononcés pendant le siège de Paris (1871) 
  • Le comte Pelet de la Lozère. Pensées morales et politiques (1873) 
  • Souvenir des fêtes de Pâques. Trois discours (1887) 
  • Sermons inédits (1900, publié à titre posthume) 

Sources principales
  • Camille Soulier, Edouard Sautter et Alexandre Bonzon, Ernest Dhombres – Quelques souvenirs, Paris, Maison des Missions, 1895, 251 p.
Il s’agit d’un ouvrage assez hagiographique et plein de bons sentiments, assez typique de la spiritualité évangélique de l’époque, mais qui ne permet pas de saisir les côtés plus sombres du pasteur Dhombres. Malgré certaines lacunes (l’ouvrage réussit l’exploit de ne pas nommer la femme et la fille du pasteur) il s’agit néanmoins d’une des rares sources de renseignements factuels sur Dhombres. Il existe une seconde édition augmentée (281 p.) de 1896, mais je n’ai pas réussi à me la procurer. 
  • Divers sites généalogiques sur Internet. 

Annotations

[1] Né le 27 octobre 1788 à St Martin de Boubeaux ; décédé le 4 octobre 1856. 
[2] Née le 13 juillet 1787 à Genève ; la date de son décès nous est inconnue. 
[3] Né le 6 janvier 1823, décédé le 2 février 1908 ; polytechnicien (promotion 1841), général du génie, puis contrôleur général à Paris. 
[4] Né en septembre 1825, décédé le 12 septembre 1896 ; diplômé de l’Ecole forestière de Nancy ; conservateur des forêts à Nîmes. 
[5] Décédée en 1877 (nous ignorons son année de naissance) ; son nom d’épouse était Teissier. 
[6] Curieusement, à en croire l’article « Liste de pasteurs : Aulas et ses Annexes … depuis la fondation de l’église d’Aulas, le 6 septembre 1560 à 1900 » de F. Teissier, Bulletin historique et littéraire (S.H.P.F), Vol. 49, No. 11 (15 Novembre 1900), p. 609, Dhombres aurait été pasteur suffragant à Aulas (Gard) pendant trois mois, de août à novembre 1844. 
[7] A l’époque on écrit « Alais ».
[8] Le père de Mathilde fut un temps conseiller à la Cour de cassation. 
[9] Elle épousera l’industriel Jules Gastambide (1846-1944), fondateur de la « Société des avions et moteurs Antoinette ».

Egalement publié sur mon site historico-homilétique (ici). Vous y trouverez également la quasi-totalité des sermons de Dhombres ainsi que d’autres documents le concernant.

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