lundi 26 février 2018

La navigation, vue par Laurent Drelincourt



Dans le vingt-septième sonnet du premier livre de ses Sonnets chrétiens, Laurent Drelincourt (1625-1680) médite sur la navigation au grand large :

Artifice étonnant, vaste témérité !
Les mortels se sont fait des maisons vagabondes,     
Et d’un trafic douteux cherchant l’utilité          
Sur le fier élément traverse[nt] les deux mondes.     

Un vaisseau jusqu’au ciel, par les flots, est porté,   
Puis, tout-à-coup, il cède au caprice des ondes,  
Et, jusques dans l’abîme étant précipité,       
Il est comme englouti dans les vagues profondes. 

Ah ! Si ardente soif d’acquérir des trésors,       
Dangereux aux vivants, inutiles aux morts,       
Fait quitter la patrie et braver la mort même.

Chrétien, ne dois-tu pas, par des projets plus hauts,    
Pour gagner les trésors de la gloire suprême
Quitter le biens du siècle et braver tous les maux ?
 

Egalement publié sur mon site Internet (ici). Vous y trouverez également les annotations du poète et le facsimilé de l’édition de 1680.

lundi 19 février 2018

Notes sur un article consacré à la prédication de J. Daillé


Nicholas Must, « Preaching the Place of Huguenots in France : The Sermons of Jean Daillé and Huguenot Identity under the Edict of Nantes » Journal of Early Modern Christianity, 2015, 2(2), p. 221-239


Malgré une production homilétique hors norme, Jean Daillé (1594-1670) n’a pas encore fait l’objet d’études d’envergure ; c’est donc avec un grand plaisir que j’ai découvert que l’historien Nicholas Must [1] a consacré un article à la prédication du pasteur de Charenton. Voici quelques notes de lecture, suivies d’une appréciation personnelle.

L’article

L’article de Nicholas Must prend son point de départ dans une prédication donnée par Daillé lors de la mémorable journée de jeûne organisée par l’Eglise réformée de Paris le 21 août 1636, suite à la prise de Corbie (Somme) par les Espagnols. L’auteur se propose de démontrer que cette prédication, comme la plupart des prédications données par le pasteur de Charenton, cultive « l’identité hybride » des huguenots, qui combine leur particularisme religieux et leur dévotion politique envers le roi de France, en plaidant à la fois la soumission au monarque absolu et le droit à l’existence des réformés.

lundi 12 février 2018

Sermons de Samuel Durant



Je viens d’enrichir mon site de 43 sermons de Samuel Durant (1580-1626), pasteur à Charenton et prédécesseur, dans cette fonction, de Jean Daillé. Vous les trouverez ici.

L’index scripturaire a été mis à jour. 

Malheureusement, aucun des sermons de Durant, qui ont été édités par son collègue et ami Frédéric Spanheim, n’est daté. 

Les ouvrages de Durant sont assez difficiles à trouver. Pour l’instant, je n’ai pas été en mesure de trouver les sermons de Durant sur Esaïe (publiés en 1618), ses trois sermons sur 1 Th 5.19 (publiés en 1623) et les sermons contenus dans le recueil Six sermons sur quelques textes de l’Ecriture sainte (également publié en 1623).

lundi 5 février 2018

La composition du sermon selon Jean Claude (3)



Le troisième chapitre du Traité de la composition d’un sermon de Jean Claude (1619-1687) est consacré à la tractation, et plus particulièrement au choix du texte de la prédication.

Je viens maintenant à la tractation, sur laquelle d’abord je dirai quelque chose sur le choix des textes. (1) Il ne faut jamais prendre des textes, [à moins] qu’il n’y ait un sens complet. Car il n’appartient qu’à des impertinents et à des fous d’aller prêcher sur un mot ou deux, qui ne signifient rien. (2) Il faut même non seulement prendre des paroles qui aient un sens complet en elles-mêmes, mais il faut aussi que ce soit le sens complet de l’auteur duquel vous prenez les paroles, car c’est son discours et sa pensée que vous expliquez. Par exemple, si quelqu’un prenait ces paroles, 2 Co 1.34 : Béni soit Dieu qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, et qu’il s’arrêtait là, il prendrait un sens complet, mais ce ne serait pas celui de l’apôtre. S’il allait plus avant, et qu’il ajoutât : qui nous console en toute notre affliction, ce ne serait pas encore le sens complet de saint Paul ; il faut donc aller jusqu’à la fin du verset 4, car alors on aura tout ce que saint Paul veut dire. Pourvu qu’on prenne le sens complet de l’auteur sacré, on peut s’arrêter là. Car il y a peu de textes dans l’Ecriture de cette nature, qui ne fournissent assez de matière pour faire une juste action, et il est également incommode de prendre trop de matière, et de n’en prendre pas assez. Il faut éviter l’une et l’autre de ces deux extrémités.